Les visages mouvants du fleuve qu’on appelle « la mer », sur la Côte-Nord me fascinent. Mes observations quotidiennes me font découvrir les traces de l’influence mutuelle entre l’homme et l’eau. Ces regards me m’amènent à comprendre mieux la nature éphémère des choses.

L’exposition propose ma perception de cette mouvance.
La peinture met en scène la mer dans différents états. Les grandes toiles peintes à l’acrylique, accueillent le spectateur, l’invitent à la contemplation et la réflexion. Le sable intégré dans l’image traduit la présence des berges.

Ces visages changeants deviennent les plaidoyers de cette non-permanence qui est ma principale source de réflexion actuelle.

Michelle Lefort, février 2006

DÉMARCHE

Mes réflexions et mes questionnements sont issus de mes préoccupations sociales et environnementales. Ma perception de l’équilibre actuel du monde, mon attirance pour la nature à l’état sauvage et mon intérêt pour les humains, dans leur rapport avec la qualité éphémère de l’environnement, alimentent mes processus de création. Cette source agit sur moi et me donne une pleine conscience de son caractère temporel.

Mes expériences personnelles, mes qualités d’éducatrice, mon sens de la coopération, mes valeurs humaines m’incitent à inviter le public à entrer en action dans mes aventures créatrices. Cette association favorise une prise de conscience chez le participant et le développement d’un sentiment d’appartenance à son milieu.

Que ce soit par la peinture, la sculpture composée de matériaux divers ou les installations in situ, j’aime habiter les grands formats et les aires ouvertes pour y faire entrer les participants et les observateurs. Un regard sur quelques projets déjà réalisés révèle cette tendance.

Mes réalisations « L’érosion des berges et les hommes » en 2008, « Perdre le Nord » en 2014 et « Deux forces vives » en 2015 m’ont permis de répondre à ce besoin d’appeler et d’apprécier la participation complice du public, jeune et adulte.

J’aime travailler et faire parler la couleur autant que j’apprécie les aventures de création en trois dimensions. J’ai un attrait particulier pour le travail d’installation en pleine nature. J’utilise les séquences, les contrastes, les gradations dans les matériaux, les formes et les couleurs pour exprimer la précarité de l’existence et sa notion de temps. J’alimente mon processus par le « vivant », dans le « respect du vivant » pour me propulser.